© Marcel Burkhardt
Publikationen
Apolloni, N., M. Lanz, S. Birrer & R. Spaar (2017)
Intensification des pâturages maigres et des pâturages boisés dans la chaîne jurassienne: Pratique et réglementation du girobroyage.
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Station ornithologique suisse, Sempach
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Résumé
Les pâturages extensifs du Jura font partie des habitats les plus riches en espèces de Suisse. De nombreuses espèces menacées qui ne trouvent plus les milieux adaptés en plaine en dépendent, notamment l’Alouette lulu Lullula arborea. Toutefois, depuis une vingtaine d’années, l’intensification des pratiques agricoles s’est répandue jusque dans la moyenne montagne, engendrant un recul important de la biodiversité. Cette intensification touche particulièrement les prairies et pâturages de l’étage montagnard, y compris les pâturages boisés. Les méthodes d’intensification sont nombreuses, mais le girobroyage (broyage du sol avec concassage de pierres) reste le moyen le plus drastique impactant fortement et irréversiblement les milieux, en particulier les pâturages. Bien que cette pratique ait fait son apparition au milieu des années 1990, aucune étude n’existe à son sujet. L’étendue de cette pratique dans le passé et dans le présent n’est pas connue. Le présent rapport cherche à répondre aux questions suivantes:
1) Dans quelle mesure le girobroyage était ou est-il employé dans les différents cantons du massif jurassien?
2) Est-il possible de chiffrer la pratique?
3) Comment la pratique est-elle réglementée dans les différents cantons du massifs jurassien?
4) Est-ce que les réglementations sont appliquées?
5) Est-ce que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour endiguer la pratique?
Pour répondre à ces questions, les offices de l’agriculture, de la forêt et de l’environnement des cantons de Soleure, du Jura, de Berne, Neuchâtel et Vaud ont été questionnés, ainsi que les ONG locales (Pro Natura et WWF) et des experts indépendants. Le but est de quantifier l’ampleur de la pratique, de comparer les différentes réglementations et leur application, ainsi que d’évaluer si des mesures supplémentaires sont nécessaires pour endiguer la pratique.
Les investigations ont montré qu’aucune statistique fiable et complète n’est disponible sur le girobroyage. Il existe de grandes différences dans l’emploi du girobroyage d’une région à l’autre, mais aussi dans les réglementations. L’application des lois est souvent inexistante ou très lacunaire, ralentie par de longues procédures. Aujourd’hui, plus de 20 ans après les premières apparitions du girobroyage dans le Jura suisse et après la réglementation de la pratique dans la plupart des cantons, le girobroyage est toujours employé, parfois sans, parfois avec autorisation. Au vu des effets négatifs importants du girobroyage sur les pâturages maigres et les pâturages boisés, il est aujourd’hui urgent que les lois soient complétées là où elles sont lacunaires pour empêcher l’utilisation inadéquate des girobroyeurs. Plus important encore, les lois doivent enfin être appliquées lorsqu’il y a violation et des sanctions adéquates rapidement prononcées et mises en oeuvre. Pour assurer le maintien d’espèces exigeantes telles que l’Alouette lulu dans la chaîne jurassienne, la sauvegarde et la promotion des prairies et pâturages extensifs et riches en espèces et structures doit être une priorité. Aujourd’hui, une gestion plus globale et durable des pâturages maigres et pâturages boisés est nécessaire, par exemple à travers les plans de gestion intégrés et des modèles tels que le programme pluriannuel nature et paysage («Mehrjahresprogramm Natur und Landschaft») du canton de Soleure ou d’autres exemples d’exploitation durable.