© Marcel Burkhardt
En invités chez les espèces sensibles
Les adeptes de l’escalade évoluent dans les parois rocheuses, habitat de plusieurs oiseaux, dont certains sensibles. La Station ornithologique s’engage là aussi pour une cohabitation harmonieuse des humains et des oiseaux.
Nicher en falaise offre aux espèces concernées des avantages évidents : vue d’ensemble de leur territoire, atterrissage et décollage aisés, nid bien protégé des prédateurs terrestres. En pratiquant leur sport en falaise, les adeptes de l’escalade se baladent pour ainsi dire dans le salon des oiseaux, et peuvent soudain se retrouver à proximité immédiate d’un site de nidification. Les oiseaux réagissent différemment à ce genre de rencontre, et parfois seulement après un certain temps ou suite à un dérangement répété. Le problème pour les oiseaux concernés survient si les oeufs se refroidissent trop après leur fuite, s’ils interrompent leur nidification ou s’ils quittent carrément la falaise. On a pu montrer en Allemagne que le succès de reproduction des grands-ducs d’Europe était plus faible dans les zones très fréquentées pour l’escalade que dans les zones comparables moins courues. Le constat est similaire pour le faucon pèlerin en Suisse méridionale et en Italie du Nord. Ces conflits ne peuvent se résoudre qu’en limitant temporairement ou de manière permanente la pratique de la varappe, localement ou à grande échelle selon les situations.
Acteurs sensibles
Le risque de conflits entre la pratique de l’escalade et la nature est connu. De nombreux guides d’escalade appellent à traiter la nature avec respect ; ils contiennent des codes de conduite, des conseils concrets et des indications sur les restrictions d’escalade. Les organisations IG Klettern Basler Jura, Mountain Wilderness, l’école d’apinisme Kletterwelt et le Club alpin suisse CAS ont édité en 2015 une brochure d’information et de formation portant le titre « Mensch, Fels und Falke » (« Homme, rocher et faucon »). Le CAS indique les restrictions en vigueur sur le portail des courses : www.sac-cas.ch/fr/cabanes-et-courses/portail-des-courses-du-cas/.
En citant les zones de tranquillité (www.zones-de-tranquillite.ch), il traite en outre un autre conflit possible lié à l’escalade : le chemin d’accès aux parois peut mener dans les habitats d’autres espèces sensibles d’oiseaux – grand tétras ou gélinotte des bois par exemple – ou d’autres animaux sauvages. Des restrictions peuvent là aussi parfois s’appliquer.
Sites à risque de conflit
Après la survenue de plusieurs conflits ces dernières années en Valais, le canton a mandaté la Station pour produire une carte des conflits potentiels entre six espèces nichant en falaise (gypaète barbu, aigle royal, faucon pèlerin, grand-duc d’Europe, merle bleu et crave à bec rouge) et les activités de loisirs en falaise (cf. Avinews 3/15). Le risque existe pour ces espèces rares et vulnérables que les dérangements exercent à long terme des effets négatifs sur les populations. Sur ces bases et en collaboration avec les représentants des milieux de l’escalade, une deuxième étape doit permettre d’élaborer une carte de coexistence afin d’éviter la survenue des conflits, d’assurer la protection à long terme des espèces citées, et de permettre malgré tout la pratique de la varappe. Grâce à ses connaissances sur la présence des nicheurs sensibles, la Station contribue à une meilleure prévention des conflits dans toute la Suisse.
Le rôle de la Station
Les activités sportives et récréatives dans la nature touchent maintenant des régions jusque-là relativement épargnées. La Station ornithologique est convaincue que seule une approche préventive, constructive et collaborative peut conduire à une solution durable. Afin que les activités sportives se déroulent dans le respect de la nature, elle s’engage dans l’association Nature & Loisirs et recherche la collaboration avec les autorités et les organisations.