Aménager des sites pour mouettes et sternes

Plateforme à Salavaux VD, sur le lac de Morat, prisée par des Mouettes rieuses (et une Sterne pierregarin). © Pascal Rapin
Mouettes et sternes se reproduisent à la zone de transition entre terre et eau. Nicher en colonies sur des îles leur permet de collectivement repousser des prédateurs aériens et de protéger le site d’éventuels concurrents. De nos jours, la plupart des mouettes et sternes dépendent d’aménagements artificiels.
Les corrections des cours d’eau ont considérablement modifié l’aspect des berges des lacs et rivières de Suisse au cours des derniers siècles. Au début du XXe s., la Sterne pierregarin nichait encore sur des bancs de gravier en plus de 30 sites, dont la disparition n’a permis la survie que d’une seule colonie, en 1952 au Fanel BE/NE, au creux de la vague. La construction d’îles artificielles (à partir de 1929 au Fanel), et la mise à disposition de radeaux et plateformes (dès les années 1970 sur l’ensemble du Plateau) ont offert un nombre croissant de substituts pour sa reproduction: les effectifs ont ainsi passé de 47 couples en 1948 à 218 en 1976, que de nouveaux aménagements, dès 1990, ont peu à peu porté au niveau actuel de 600-700 couples. À noter encore, en 2015, l’installation réussie d’un couple sur un toit plat au bord du lac de Zurich.
La première colonie suisse de Mouettes rieuses, découverte en 1865, s’est installée sur des touradons du Kaltbrunner Riet SG, en prémices à la colonisation d’autres sites marécageux du nord-est du pays et au Fanel, de 1925 à 1974. Dès 1965, de plus en plus de colonies se sont déplacées vers des îles de galets nouvellement aménagées : les effectifs ont alors fortement crû, pour atteindre un maximum de 3800 couples en 1980. À l’instar des pays voisins, ils ont sensiblement diminué par la suite, pour se stabiliser aux alentours de 500-1000 couples à partir de 2000.
Longtemps resté en faibles effectifs après sa première nidification en 1968, le Goéland leucophée a connu un essor important et constant dès 1997, pour atteindre aujourd’hui 1400 couples environ et se propager sur l’ensemble du Plateau. Ses deux premières reproductions sur toits plats ont été découvertes en 1994 au bord du Léman, suivies dès 2002 de nouveaux cas en d’autres lieux, la plupart du temps relatifs à des couples isolés. Il faut cependant relever qu’une colonie sur toit a compté 45 couples en 2017 à Allaman VD (J. Duplain) et que le Leucophée a investi 35 bâtiments de Neuchâtel en 2016 (M. Zimmerli).

Bien que la Mouette rieuse, la Sterne pierregarin et le Goéland leucophée ne nichent aujourd’hui pratiquement plus que sur des structures artificielles, l’évolution de leurs effectifs est très diverse depuis 1984.
Aujourd’hui, toutes les mouettes et sternes nichent sur des structures artificielles, toits ou aménagements à leur intention. Diverses mesures s’efforcent de désamorcer la concurrence entre les espèces, par exemple en empêchant l’installation précoce de Goélands leucophées, en ne mettant à l’eau des radeaux qu’à l’arrivée des Mouettes rieuses et des Sternes pierregarins ou en ne libérant les plateformes de leur couverture hivernale qu’ensuite et de manière échelonnée.
Flexibles quant à leur installation, ces espèces sont adaptées à des milieux dynamiques. Aménager un réseau de sites de reproduction suffisamment étoffé leur permettra de cohabiter ou de se replier en d’autres lieux en cas de forte pression de prédation, à la manière de ce qui se produisait à l’origine sur les cours d’eau naturels.
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