© Marcel Burkhardt
Profiter sans déranger (17.03.2021)
Les restrictions actuelles encouragent toujours plus de Suissesses et de Suisses à s’adonner à des activités de loisirs en plein air. Profiter de la nature implique de partager les grands espaces avec la faune locale. Il faut donc veiller à ce qu’elle ne pâtisse pas de notre délassement.
De nombreux milieux habités par les oiseaux sont aussi utilisés par des amatrices et amateurs de détente et de loisirs sportifs, ce qui occasionne des dérangements dans des proportions variables. Les dérangements englobent tout événement à même de provoquer un changement comportemental ou physiologique brusque. Ils ne sont pas toujours évidents à déceler : les oiseaux sont souvent déjà dérangés dans leur comportement, leur recherche de nourriture ou leur nidification avant même qu’ils ne s’envolent.
Déranger un oiseau, même lorsque cela est non intentionnel, a des conséquences qui peuvent être très graves : les dérangements causés par les activités humaines sont une des principales causes de déclin des oiseaux. Une simple présence humaine en forêt peut avoir un impact sur un écosystème entier : moins d’oiseaux et moins d’espèces choisissent de s’installer dans les forêts fréquemment dérangées au printemps. Une raison, s’il en faut, de rester sur les chemins balisés.
L’impact des perturbations humaines peut se traduire par des gaspillages inutiles d’énergie lors de fuites à répétition, l’interruption de recherche de nourriture ou encore une augmentation des niveaux de cortisol. Les conséquences sont maximales durant la reproduction, lorsque les oiseaux sont au nid. Les dérangements peuvent alors dans des cas extrêmes conduire à l’échec de la reproduction ou à l’abandon de la nichée. Les hormones de stress influencent également la qualité de la ponte, prétéritant les chances de survie des oisillons. Notre considération et le respect de règles simples permettent ainsi de laisser une chance à nos oiseaux.
Pour pratiquer nos loisirs en plein air et profiter de la nature tout en la respectant, elle et ses habitants, il convient de :
- respecter les zones de tranquillité
- rester sur les sentiers balisés
- garder ses distances avec les oiseaux
- ne surtout pas gêner les oiseaux au nid
Zones de tranquillité et aires protégées
Beaucoup d’espèces ont besoin de disposer d’espaces suffisamment vastes pour se réfugier et se nourrir. Les zones de tranquillité ainsi que les aires protégées constituent à cet effet des sites de repli pour les oiseaux. Elles ne doivent pas être utilisées, ou sous certaines conditions seulement, par les adeptes d’activités de loisirs. Les aires protégées incluent entre autres les parcs nationaux, les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs et les réserves forestières. Le développement de tels instruments et le respect des règles qui y sont applicables sont essentiels afin de préserver l’avifaune suisse.
Plus d’informations : www.zones-de-tranquillite.ch
Attention aux tétras… et aux limicoles !
Le printemps est critique pour tous les oiseaux, mais certaines espèces sont plus vulnérables que d’autres aux dérangements, en hiver comme en été. Pendant la saison froide, les tétras (grand tétras, tétras lyre, lagopède alpin) doivent conserver leur énergie. Les dérangements par les amatrices et amateurs de sports de neige comme les raquettes ou le ski de randonnée peuvent conduire à des dépenses énergétiques diminuant la chance de survie, et le stress généré peut impacter le succès de reproduction au printemps.
Pour les adeptes d’efforts plus modérés, il conviendra de prêter attention au petit gravelot et au chevalier guignette lors des grillades au bord des cours d’eau, quand le temps s’y prêtera. Ces limicoles s’établissent sur les rares bancs caillouteux de nos rivières. Comme leurs effectifs sont menacés du fait de la perte massive de leur habitat, les déranger pendant leur nidification est souvent rédhibitoire.
Pour en savoir plus
Chloé Pang
Station ornithologique suisse
6204 Sempach
Tél. 041 462 97 98
chloe.pang@vogelwarte.ch